Auto Plus Classiques : La Renault Colorale Prairie 4×4 (1952)

Publié le 7 novembre 2022 à 10:00
Auto Plus Classiques : La Renault Colorale Prairie 4×4 (1952)

Visionnaire, Renault ? Proposer, au tout début des années 1950, un grand break surélevé aux allures de baroudeur et doté d’une transmission 4×4 était unique !

Mais l’engin restait archi-rustique.



La silhouette particulièrement haute impressionne. Car cette version 4×4 est rehaussée de 38 cm par rapport à la “ normale ”. Avec son museau ressemblant à celui de la 4CV, son aspect passait pour moderne en son temps.

RENAULT LANCE LA COLORALE PRAIRIE 4×4

Moteur : 4 cylindres en ligne

Cylindrée : 1 996 cm3

Puissance : 58 ch SAE à 4 000 tr/mn

Vitesse maxi : 95 km/h

Production : 1 487 en 4×4 (sur 39 501 Colorale, 1950-1957)

Cote actuelle : de 7 500 à 10 500 €

L’ancêtre de nos SUV ? Génétiquement, oui. Mais dans les faits, ce gros engin qui en impose, avec une hauteur hors norme, ne va pas jouer les séducteurs, ni offrir le soyeux agrément des tout-terrain d’aujourd’hui. A l’époque, les 4x 4 restent des utilitaires, destinés aux franchissements rudes et aux lourdes tâches, principalement pour l’armée. Rien n’est fait pour les rendre séduisants, chaleureux, accueillants, chics ou doux à mener. Du brut et du brutal à l’état pur. Lorsque ce grand break est lancé en 1950, sa conduite apparaît déjà très datée. Alors, quand Renault lui adjoint un châssis supplémentaire pour y glisser la transmission aux quatre roues, sa définition devient encore plus archaïque. Il va falloir le mener avec poigne ! Dans sa version initiale, la Colorale (comprenez COLOniale + ruRALE) procurait déjà des sensations dépassées, avec son antique moteur à soupapes latérales, hérité des Primaquatre de 1936. Performances ridiculement basses, consommation gargantuesque. Lorsqu’en 1953, l’auto récupère le quatre cylindres de la bourgeoise berline Frégate, le bilan s’améliore un peu. Mais cette mécanique reste anémique et datée.



L’arrière s’ouvre en deux parties. Vers le bas, le volet se transforme en plate-forme de chargement. La bête peut enfourner 500 kilogrammes, ce qui confirme sa vocation avant tout d’utilitaire.

Rustre et dur

La greffe de la transmission 4×4 ne va pas arranger les choses : avec le double châssis, l’auto prend 250 kg et culmine à 2,20 m. Il faut véritablement “ monter en voiture ” pour atteindre le plancher perché à plus de 60 cm du sol ! Ensuite, c’est la dure épreuve de la mise en route. Immédiatement, un concert de décibels rudoie vos tympans, tandis qu’un lot hallucinant de vibrations se propage à tout l’habitacle. Le levier de vitesses au volant ne se laisse pas manier du bout des doigts, et trouver la première se fait après plusieurs tentatives. La boîte tire très, très court sur les premiers rapports. Et plus encore lorsque vous enclenchez la transmission aux roues avant (sur route, la Colorale reste une propulsion) : la manœuvre est couplée avec le réducteur de vitesses. Ce break vraiment lourd (1 890 kg en ce temps-là, c’est énorme) devient alors surprenant en franchissement : il est capable de s’extirper d’à peu près tous les terrains. Au contraire, la route n’est pas pour lui : pas de roulis excessif malgré le centre de gravité élevé, mais le comportement reste précaire. Quant au confort : zéro. Les deux essieux rigides ne vous ménagent pas !

Vendue cher dans les années cinquante, cette Colorale n’eut qu’un tout petit succès. Surtout cette version 4x 4 ! Elle trouva sur sa route les gros engins de l’armée américaine cédés à vil prix. Aujourd’hui, sa notoriété en collection reste faible. Et en dépit d’une offre réduite, elle se déniche à tarif modéré malgré son grand âge.





La planche de bord métallique reste très basique : zéro luxe. Ce qui choquait, en ce temps-là, vu le prix de vente : quasiment celui d’une Citroën Traction 6 cylindres ! Le volant à jante ultra-fine est très dur à tourner en manœuvres.



Ce 4 cylindres issu de la berline Frégate s’appelle Etendard. Un nom glorieux, mais une technique désuète qui limite ses performances, réduit son agrément et le fait méchamment consommer. Au moins 13 l/100 km sur route, à faible allure.



De profil, vous voyez aisément les deux arbres de transmission. Celui qui va aux roues avant n’entre en action que lorsque vous l’enclenchez par une commande sur la planche de bord. La démultiplication devient ultracourte, la Colorale grimpe aux arbres !

1952, cette année-là

Lancement de la toute première émission de télévision pour les femmes : Magazine féminin. Diffusée d’abord par RTF Télévision, elle sera reprise par la première chaîne et durera jusqu’en 1970 ! Peugeot lance un drôle de modèle : le coupé 203 sur la base du cabriolet. Aussi cher que ce dernier (790 000 francs), il n’offre que deux places. Ce sera la 203 la moins produite de la gamme : 955 exemplaires seulement.