6 choses à savoir sur Leonor Fini

Artiste pluri-disciplinaire apparentée au mouvement surréaliste, Leonor Fini a été décrite comme une ensorceleuse, une créature mystique, une femme à chats, mais elle était avant tout une artiste affirmée qui a bousculé les codes de la féminité.

Leonor Fini, Portrait de femme aux feuilles d'acanthe, 1946, huile sur toile, image © Christie's
Leonor Fini, Portrait de femme aux feuilles d'acanthe, 1946, huile sur toile, image © Christie's

Leonor Fini est probablement l’une des artistes les plus complexes et envoûtantes du XXe siècle. Sans jamais dissocier sa vie de son art, elle a traversé les époques et les courants avec une autonomie artistique remarquable, transposant ses idéaux avant-gardistes sur la toile avec force et détermination. Voici 6 choses à savoir sur son parcours.

Leonor Fini lors du tournage d'un documentaire dédié à l'artiste (détail), image © Louis Joyeux / INA via Getty Images
Leonor Fini lors du tournage d'un documentaire dédié à l'artiste (détail), image © Louis Joyeux / INA via Getty Images

1. Sa mère l'habillait en petit garçon 

Leonor Fini est née en 1907 à Buenos Aires d’une Italienne et d’un homme d’affaire argentin tyrannique. Le mariage de ses parents s’est terminé dans l’amertume la plus totale alors qu’elle avait moins d’un an, forçant sa mère à prendre un bateau à destination de l’Italie pour échapper à son époux. Son enfance a été ponctuée des tentatives régulières de son père de la ramener en Argentine, envoyant un détective privé après l’autre pour les traquer, elle et sa mère, à travers l’Europe. Madame Fini avait pris l’habitude d’habiller Leonor en petit garçon à chaque fois qu’elles sortaient de la maison, un stratagème qui s’est avéré utile puisque son père n’a jamais réussi à les retrouver.

2. Fini était une habituée de la morgue 

Dès l’âge de 13 ans, Leonor Fini visitait régulièrement la morgue locale afin d’étudier les corps. Cette expérience a fortement influencé sa perception de la figure humaine, qu’elle a plus tard capturée dans un style très personnel, à travers des créatures humanoïdes éthérées aujourd’hui reconnaissables entre mille.

Leonor Fini, Portrait de femme aux feuilles d'acanthe, 1946, huile sur toile, image © Christie's
Leonor Fini, Portrait de femme aux feuilles d'acanthe, 1946, huile sur toile, image © Christie's

3. Une surréaliste, mais pas vraiment

Bien que son travail soit apparenté au surréalisme, Fini a toujours refusé de rejoindre formellement le mouvement. Arrivée à Paris à l’âge de 24 ans, elle a gravité autour des cercles surréalistes, s’est inspirée de leur travail et comptait des artistes aussi légendaires que Dalí ou Dora Maar parmi ses amis proches. Elle a cependant affirmé son dédain pour le leader du groupe, André Breton, pour ses attitudes misogynes. Son refus de s’attacher officiellement à un courant reflète son désir d’indépendance et d’autonomie artistique.

Leonor Fini, Carrefour d'Hecate, vers 1980, image © Bonhams
Leonor Fini, Carrefour d'Hecate, vers 1980, image © Bonhams

4. La femme était au centre de son art

À travers son art, Leonor Fini a tenté de bousculer, voire d’inverser, les perceptions liées aux genres et à la sexualité. Dans une tentative de subvertir les rôles imposés par la société, elle a abandonné les représentations de femmes fragiles, innocentes ou fatales au profit de déesses inspirées de la mythologie grecque. Elle s’appliquait à peindre des figures féminines qui ne pouvaient être catégorisées, jugées ou définies moralement et sexuellement. Sa peinture a été décrite aussi bien comme une contestation des idéaux de Breton que comme un écho à son obligation de se travestir pendant son enfance. 

5. Sa beauté était envoûtante

Les photographes les plus célèbres, comme Henri Cartier-Bresson ou Brassaï, n’ont pas caché leur désir d’immortaliser Fini. Femme d’une grande beauté, selon les mots de son biographe Peter Webb, l’artiste prenait volontiers la pose, tantôt provocatrice tantôt érotique, et endossait le rôle d’une femme sexuellement assumée. Fidèle à son art sur la toile comme dans la vie, on pouvait souvent l’apercevoir dans des costumes élaborés, parée de plumes, de bijoux ou de fourrures, prenant l’apparence d’une créature d’un autre monde. 

Horst P. Horst, Leonor Fini, Vogue, 1946, image © Christie's
Horst P. Horst, Leonor Fini, Vogue, 1946, image © Christie's

6. Son talent a transcendé les disciplines

Principalement connue pour sa peinture et ses gravures, Leonor Fini était aussi une talentueuse designer, créatrice de costumes, et a même conçu la bouteille du parfum « Shocking » de Schiaparelli. Elle a dessiné les costumes de plusieurs productions théâtrales et d’opéras, allant jusqu’à conceptualiser son propre ballet, Le Rêve de Leonor, qui a plus tard été chorégraphié par Frederick Asthon. À la fin de sa vie, elle s’est consacrée à l’écriture et a illustré les romans de nombreux écrivains.

Leonor Fini, Jeu de dames ou Le pari de Zobeïde, 1975, huile sur toile, image © Bonhams
Leonor Fini, Jeu de dames ou Le pari de Zobeïde, 1975, huile sur toile, image © Bonhams

Leonor Fini est restée en France jusqu’à la fin de sa vie, en compagnie de ses amants Konstanty Aleksander Jeleński et Stanislao Lèpri, mais aussi et surtout de ses chats adorés. Mariée brièvement à Federico Veneziani, elle s’est ouvertement affichée comme bisexuelle alors que l’idée était encore taboue et ne s’est jamais remariée. Elle est décédée à Paris en 1996. 

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