Après le complexe monumental de la Cité des arts à Valence, la nouvelle gare de Liège, tout juste inaugurée, ne pêche pas par modestie. Tout ici s’inscrit dans une même veine superlative : les délais, le budget, les caractéristiques techniques et enfin l’objet lui-même. Plus de douze ans se sont écoulés depuis le concours remporté par l’architecte espagnol. Le jury avait alors été séduit par sa proposition visant à opérer, grâce à la gare, la couture entre deux parties de la ville coupées l’une de l’autre par les voies ferrées. Mais derrière la simplicité apparente du dessin, les projets de Calatrava dissimulent souvent une mise en oeuvre complexe. Le toit galbé, posé sur la gare, est soutenu par une charpente métallique longue de deux cents mètres et haute de trente-cinq. Plus de dix mille tonnes d’acier ont été nécessaires à sa réalisation. Tel un alchimiste, Calatrava transmue cette débauche de matière en un ouvrage à la fois aérien et fluide. L’absence d’une véritable façade lui confère une sorte de porosité et participe à l’insertion urbaine de l’édifice.