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> Saone et Loire > SAONE ET LOIRE
28/02/2024 11:31
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SALON DE L'AGRICULTURE : Pascal Chaponneau sensibilise le préfet Yves Séguy aux problèmes des éleveurs de moutons

Le président de la race Mouton charollais a échangé avec le préfet de la Saône-et-Loire, ce lundi 26 février, à Paris. Enjeux à l'export, MHE et colonisation du territoire par des loups étaient au programme.
Le préfet de la Saône-et-Loire Yves Séguy a effectué un déplacement au Salon international de l'agriculture, à Paris, ce lundi 26 février 2024. Après avoir participé à l'inauguration du stand du Département de Saône-et-Loire et avoir échangé avec des représentants de Lidl, le préfet est allé à la rencontre des éleveurs de moutons charollais.

Accompagné de Bernard Lacour, président de la chambre d'agriculture de la Saône-et-Loire, puis rejoint par Pierre Berthier, vice-président du conseil départemental et maire de Charolles, le préfet a échangé avec Pascal Chaponneau, président de l'organisme de sélection du mouton charollais.


«C'est une race connue et reconnue», constate le préfet


France entière, plus de la moitié de la consommation de viande de mouton est importée. Le cheptel de la Saône-et-Loire compte environ 55.000 brebis dont 8.500 dans la base de sélection génétique.

«C'est une race connue et reconnue», a constaté le préfet, «à côté du bovin charolais, il y a aussi le mouton charollais». «On a des produits de qualité», a abondé Bernard Lacour.

«[Sur le ring ovins], on peut assister à la meilleure démonstration de la grande sélection opérée sur cette race, une race très intéressante pour l'élevage français mais aussi de par ses capacités d'exportation», a enchaîné le représentant de l’État.

Une demande à l'export pour les propriétés génétiques


«Il y a des années où on exporte beaucoup», a signalé Pascal Chaponneau à propos de la demande en semence pour les propriétés génétiques des moutons charollais. La Belgique, la Suisse, le Portugal, l'Espagne sont des «clients fidèles». La Slovaquie et le Mexique notamment sont des marchés porteurs à conquérir.

La MHE touche aussi les moutons


Le président de l'organisme de sélection du mouton charollais alerte le représentant de l’État sur les conséquences économiques de la maladie hémorragique épizootique qui, si elle touche principalement les bovins, n'épargne pourtant pas les ovins.

«Le loup, ça use les éleveurs», martèle Pascal Chaponneau


Immanquablement, les échanges ont abordé les conséquences de la colonisation de la Saône-et-Loire par des loups. «Le loup, ça use les éleveurs», a martelé Pascal Chaponneau au regard des nouveaux moyens de protection à mettre en place pour sécuriser les troupeaux habitués à pâturer tranquillement.

«Le loup est là», a constaté Yves Séguy au grand dam de son interlocuteur. «On a besoin de l'élevage mais, néanmoins, il est assez probable qu'il faudra composer avec le loup. Il faut se protéger au mieux.»

«J'ai acheté un patou», a-t-il confié au préfet, «un patou, c'est un travail énorme». Selon lui, dans le bocage, «il faut sept ou huit patous pour toutes les parcelles» de façon à accompagner les différents groupes de moutons d'une exploitation car les éleveurs travaillant à améliorer la génétique mettent en place «une multitude de lots». «C'est ingérable ! (…) Dès que l'on part en vacances, il faut quelqu'un qui s'en occupe !»

Dans les prés, «les petits agneaux prennent 450 grammes par jour»


Proies faciles quand ils sont à l'extérieur, les agneaux sont l'objet de toutes les attentions de la part des éleveurs qui rechignent à les regrouper dans la bergerie en cas de risque de prédation.

«Les petits agneaux prennent 450 grammes par jour en tétant le lait des mères et en mangeant l'herbe du pré, quoi de plus naturel ?», a souligné Pascal Chaponneau.

L'enjeu du renouvellement des générations


Bernard Lacour a indiqué craindre «une forme de découragement chez les jeunes qui veulent s'installer».

«On ne peut pas dire que l'on s'investit dans une production ovine, pour un jeune qui démarre avec vingt brebis, et un matin se lever et on en a dix au tapis», a alerté Pascal Chaponneau.

Les éleveurs appellent à «faire évoluer» le Plan national loup


Pascal Chaponneau a demandé à «trouver de la cohérence» et a argumenté sur le nombre potentiel de loups en France qui fait l'objet d'un débat puisque pouvant amener à réviser le caractère d'«espèce strictement protégée».

Se basant sur une estimation de «1.300 loups en France», le président de la chambre d'agriculture de la Saône-et-Loire a appelé à «faire évoluer le Plan national loup».

En cas d'attaque de prédateur, le préfet peut autoriser des tirs de défense


Le préfet a rappelé au président de l'organisme de sélection du mouton charollais avoir autorisé plusieurs tirs de défense à la suite d'attaques de troupeaux dans le département. «J'ai trop vu d'éleveurs totalement défaits par ce qu'ils vivaient», a-t-il confié.

«Une de nos difficultés, c'est la capacité à protéger les prés sur lesquels se trouvent les animaux – parfois de jour et de nuit, sur de longues périodes – de tout risque de prédation. Dans le cadre du Plan national loup, il faut développer les moyens de protection pour que je sois en capacité de délivrer, si besoin était, des moyens complémentaires que sont les tirs de défense réalisés, la plupart du temps, par des louvetiers. Il faudra reprendre ce sujet de discussion dans les semaines qui viennent», a résumé le préfet Yves Séguy, interrogé par Creusot Infos.

Le représentant de l’État a rappelé que des recrutements en 2023 ont permis de faire passer le nombre de louvetiers spécialisés et formés de 29 à 35.

«Cette capacité d'intervention est confortée par un certain nombre de chasseurs expérimentés proposés par la fédération de chasseurs et ayant suivi une formation complémentaire», a-t-il précisé.

«On aimerait que tout le monde écoute vraiment nos paroles», déclare Pascal Chaponneau


Appelé à d'autres obligations, le président de l'organisme de sélection du mouton charollais a rejoint le ring ovins pour le concours général agricole suivi par une assistance nombreuse, parmi laquelle siégeait Rémy Rebeyrotte, député de la Saône-et-Loire.

Le ton grave, Pascal Chaponneau a rappelé les faits douloureux qui ont précédé le Salon de l'agriculture. Le 23 janvier dernier, dans l'Ariège, Alexandra Sonac et sa famille Camille étaient fauchées en pleine nuit par une voiture alors qu'elles participaient à un point de blocage sur la RN 20 dans le cadre du mouvement social des agriculteurs. Avec son époux Jean-Michel, Alexandra conduisait une ferme en polyculture-élevage.

«On ne peut pas oublier ce qui s'est passé ces trois dernières semaines dans nos campagnes», a-t-il déclaré, «certes, on a avancé un peu sur certaines questions mais, on a rien concrétisé». «On aimerait que tout le monde écoute vraiment nos paroles.»

En mémoire d'Alexandra et Camille Sonac, éleveurs et spectateurs du ring ovins ont alors respecté une minute de silence avant que ne débute le concours.

Jean-Christophe Tardivon

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