Rire ou râler? C’est la question que pose la Maison du dessin de presse, dans sa nouvelle exposition. Celle-ci regroupe 80 caricatures, qui ont parfois suscité la polémique. Un phénomène amplifié avec l’émergence des réseaux sociaux. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes prennent la parole, au mépris parfois de la liberté d’expression.

«Depuis l’affaire des caricatures de Mahomet en 2005 et l’attentat de Charlie Hebdo en 2015, la caricature semble prise dans une spirale de tensions et de violences inédites, analyse Guillaume Doizy, spécialiste de l’histoire du dessin de presse et de la caricature en France. Pour les dessinateurs et les journaux, ces pressions permanentes constituent indéniablement une nouvelle forme de censure.»

Nous sommes à la merci des réseaux sociaux et nous avons le devoir de résister

Thierry Barrigue, fondateur de Vigousse

Thierry Barrigue, fondateur du journal satirique «Vigousse», a vu le vent tourner après ces évènements. «La censure est bien plus présente aujourd’hui, constate-t-il. Les rédactions ont peur des polémiques et le métier a pris un sacré coup dans l’aile. Nous sommes à la merci des réseaux sociaux et nous avons le devoir de résister.»

Barrigue au cœur de la polémique

L’ancien dessinateur du «Matin» a d’ailleurs plusieurs fois été exposé à ces réactions. Deux jours après les attentats du 11 septembre à New York, il publie un dessin représentant la statue de la Liberté qui respire encore tout juste sous les décombres. «Il m’a valu des réactions de colère et de bienveillance parfois des années après la publication», se remémore-t-il encore.

Pour Stéphanie Reinhard, directrice de la Maison du dessin de presse, le temps aide souvent à lire différemment une satire. «L’exemple de Barrigue est intéressant. Aujourd’hui, on voit que son croquis aurait tendance à faire sourire, ce qui n’était pas forcément le cas quand il a été publié.»

Le public est invité à venir s’interroger sur cette délicate question dès vendredi. Les dessins présentés sont commentés par leurs auteurs et accompagnés de lettres ou de commentaires. L’exposition sera visible jusqu’au 8 mai.

Morges: les râleurs à l’honneur à la Maison du dessin de presse

Grâce à 80 croquis qui ont fait polémique, l’institution morgienne a voulu créer le rapprochement entre le dessin satirique et ceux qu’il fait réagir parfois sans limite. A voir dès vendredi.