Les chemins de Compostelle passent par l'Essonne

Les chemins de Compostelle passent par l'Essonne

    Tous les chemins mènent à Rome. Et à Compostelle. Chaque année, plus de 200 000 marcheurs rejoignent la ville de Galice, en Espagne, rendre hommage au tombeau de l'apôtre Saint-Jacques (Jacques de Zébédée). Parmi eux, des milliers de Français (8 305 en 2013), qui s'élancent d'un peu partout dans l'Hexagone. L'un des quatre chemins historiques empruntés par les pèlerins depuis le IXe siècle, la via Turonensis (dite la voie de Tours), démarre au cÅ?ur de Paris, à la Tour Saint-Jacques.Près de 1 450 km la séparent de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, soit 72 jours de marche (20 km par jour). Les quatre premières étapes du parcours fait de sentiers de randonnées locales et du GR 655 traversent l'Essonne sur près de 100 km. « Des chemins, il y en a plein. Mais 80 % des pèlerins en France passent par la voie du Puy. Celle de Tours est peu empruntée, constate Adeline Rucquoi, directrice de recherches au CNRS et de la Société française des amis de Saint-Jacques. Les marcheurs évitent Paris parce qu'il n'y a pas de gîte pour les accueillir. Et parce que c'est mal indiqué ». Un projet de balisage est toujours en attente.

    Les quatre premières étapes du parcours, de 20 km chacune, traversent l'Essonne. Méconnu du grand public, le chemin regorge pourtant de trésors et joyaux du patrimoine. A l'instar du cadran solaire en forme de coquille Saint-Jacques, peint par Dali. Et visible depuis 1966 sur le mur d'une façade du 27, rue Saint-Jacques (Paris Ve), à côté de la boulangerie.

    Paris VIe, rue des Canettes. Adeline Rucquoi, directrice de la Société française des amis de Saint-Jacques et Jeannine Warcollier, secrétaire générale. Grâce au dynamisme des associations jacquaires et de villes comme Massy, Arpajon et Angerville, les sentiers sont mieux mis en valeur et de plus en plus de gens les empruntent. « L'an passé, 23 pèlerins sont passés par chez nous. On en comptabilise déjà 29 depuis le début de l'année », se réjouit Audrey Rodriguez, de l'office de tourisme de Massy, qui a renforcé sa communication sur le sujet depuis trois ans.A Etampes, étape très prisée des pèlerins au Moyen Ã?ge, 90 marcheurs et cyclistes se sont arrêtés depuis le 1er janvier pour dormir au presbytère. « En 2008, à chaque fois qu'un pèlerin passait, il fallait trouver une solution pour l'héberger au dernier moment. Finalement, on a demandé à la paroisse un endroit adapté. Pour qu'ils trouvent ici les mêmes conditions que sur les autres chemins », explique Daniel Rousseau, responsable du lieu avec son fils Damien. Ici, on voit passer beaucoup de nationalités et de tous les âges. Des Belges, des Canadiens et même des Japonais. On en a eu quatre cette année, dont un de 76 ans ! »Sur les chemins, la foi n'est pas la motivation de tous. Loin de là. « C'est moins de 20 % des pèlerins », estime même Damien Rousseau. Sport, découverte, marche ou spiritualité, les chemins s'ouvrent à tous. « Le pèlerinage se renouvelle, constate Adeline Rucquoi. Ã?a prouve qu'il est vivant ! »

    Paris VIe, le 29 juillet. Juliette, 27 ans, prépare activement son périple. (LP/C.S.D.) « Je pars sur un coup de tête » Juliette, 27 ans, part à pied fin juillet à Compostelle Compostelle 2000, Société française des amis de Saint-Jacques, Confrérie des amis de Saint-Jacquesâ?¦ Il existe des dizaines de sociétés jacquaires en France. Lundi dernier, rue des Canettes, la boutique de la société française des amis de Saint-Jacques ne désemplit pas. Deux pèlerins entrent avec de gros sacs à dos, à peine sortis de leur emballage. « C'est quoi la marque ? Ce n'est pas un peu gros ? », fait remarquer Daniel. Ce bénévole, qui a parcouru de nombreux chemins de Saint-Jacques, vient conseiller dès qu'il peut les néophytes.Au fond de la pièce, les questions fusent autour d'Adeline Rucquoi, la directrice des lieux et chercheuse au CNRS. « Faut-il réserver à l'avance les gîtes ? », « est-on obligé de partir d'une ville étape ? », lui demandent les futurs marcheurs.Juliette, jeune Parisienne enthousiaste, écoute avec attention les réponses. A 27 ans, elle s'élancera fin juillet depuis Cahors (Lot) vers Compostelle. « J'étais en vacances dans la région l'an passé et j'ai trouvé cela joli », dit-elle. La jeune femme ne sait pas encore si elle partira seule ou accompagnée. « J'ai décidé ça sur un coup de tête il y a quatre jours. Un de mes cousins avait fait son voyage de noces sur les chemins de Compostelle. Ã?a m'avait donné envie. Cet été, je n'avais pas grand-chose de prévu. Je voulais faire de la randonnée, explique cette croyante peu pratiquante. Il y a une part de spiritualité. Ã?a me donnera l'occasion de réfléchir ».En parlant de son projet, elle a presque convaincu une de ses amies de l'accompagner. Quant au millier de km qui se profile, pas de souci. Juliette, à l'allure sportive, a de l'expérience et connaît le goût de l'effort. « J'ai beaucoup marché plus jeune », raconte-t-elle. Pourquoi ne pas partir depuis Paris pour rejoindre Saint-Jacques ? « J'y ai vaguement songé. Mais je connais déjà la région parisienne. Pourquoi pas une autre fois », répond-elle, impatiente de s'élancer sur les chemins.C.S.-D.