Pourquoi les Vieilles Canailles partent en tournée

Deux ans après avoir rempli Bercy, Eddy, Jacques et Johnny vont rejouer les Vieilles Canailles pour 14 concerts en juin et juillet prochains. Les trois amis nous expliquent pourquoi.

Pourquoi les Vieilles Canailles partent en tournée

    C'est Johnny Hallyday qui a eu l'idée de cette tournée de 14 concerts, deux ans après Bercy. Et «on ne refuse rien à Johnny» répondent à l'unisson Eddy Mitchell et Jacques Dutronc.

    Eddy Mitchell : «On connaît tous nos défauts»

    Eddy Mitchell nous propose de déjeuner avec lui à Paris. Comme toujours, c'est copieux, et il paye cash. « C'est Johnny qui a eu l'idée de cette tournée. Il m'en a parlé lors d'un dîner. Je trouvais que ça faisait un peu réchauffé, mais on ne refuse rien à Johnny, sourit-il. Je n'ai pas besoin des Vieilles Canailles pour vivre, mais on se marre bien quand on se retrouve. Sur scène, c'est un truc hors du commun. Pour le public comme pour nous. Et c'est une si longue amitié. On connaît tous nos défauts... Johnny, qui a besoin de se changer tout le temps. Jacques, plus fragile, auquel il faut être attentif. A Bercy, on l'avait obligé à prendre des ears (NDLR : des oreillettes dans lesquelles les chanteurs entendent les musiciens et leurs voix sur scène). »

    Un album de duos

    Et puis, retrouver un big band... « C'est ce que je préfère, sourit Eddy Mitchell. Mes concerts au printemps dernier au palais des Sports (NDLR : qui viennent de sortir en CD et DVD), c'était le bonheur. Les arrangements étaient conçus pour que je me sente à l'aise, que je n'aie pas besoin de forcer ma voix, c'était une sensation merveilleuse de chanter. Et je crois que j'ai chanté pas mal. Cela m'avait presque donné envie de refaire une tournée, alors que je ne voulais plus. Mais pour la rentabiliser, il aurait fallu faire 60 dates, c'était trop. »

    Eddy a un autre projet avec Johnny et Jacques. « Je vais faire un album de duos de mes chansons, si possible pour la fin 2017, annonce-t-il entre la choucroute et le café. Et Johnny comme Jacques y figureront, évidemment. Je l'enregistrerai en avril à Los Angeles, et on fera les voix à Paris. Il y aura vingt titres, avec Véronique Sanson, Maxime Le Forestier, les Américains Gregory Porter et Brian Setzer (NDLR : chanteur-guitariste des Stray Cats). Dans les jeunes (il sourit), j'aimerais bien avoir Vanessa Paradis, si vous pouvez transmettre ma requête. »

    Johnny Hallyday : « Il y aura le big band et le bar »

    Après une conférence de presse et quatre rendez-vous téléphoniques avortés, on joint enfin Johnny Hallyday à Los Angeles. « On n'avait pas eu le temps de faire la province la première fois et on était un peu frustrés, avoue-t-il pour expliquer les retrouvailles des Vieilles Canailles. J'ai appelé Jacques pour le convaincre. Il est un peu fainéant, c'est pour ça qu'il habite en Corse ! Non, blague à part, on est vraiment contents de se retrouver. Eddy et Jacques, c'est comme la famille. Si on avait pu faire plus de dates, on l'aurait fait. Mais on a tous des projets après. »

    Le show ne bougera guère. « Il y aura le big band, le bar... Sans bar ( NDLR : un élément de décor sur scène), pas de Vieilles Canailles. On remettra un peu la liste des chansons au goût du jour. J'ai envie de chanter De l'amour, par exemple. Je suis impatient de remonter sur scène. Ma dernière tournée (NDLR : qui fait l'objet de coffrets CD et DVD) fut l'une des plus marquantes. Beaucoup d'énergie et d'émotion. Le concert à Bruxelles, après les attentats de Paris, je ne l'oublierai jamais. D'ailleurs, j'aimerais que ma prochaine tournée passe symboliquement par le Bataclan. » Après un périple entre potes de 5 000 km à moto entre La Nouvelle-Orléans et Los Angeles, Johnny s'est remis au travail. « Vous m'appelez entre deux sessions d'écriture de mon nouvel album, précise-t-il. On est dessus avec Maxim Nucci, alias Yodelice, et Yarol (NDLR : Poupaud). Il sera dans la veine du précédent, country, rock, rockabilly. J'espère bien entrer en studio fin août, et le sortir avant la fin de l'année prochaine. »

    Un retour au cinéma en vue

    Renaud lui avait écrit une chanson, « Johnny Cash Blues », en hommage au rockeur américain qu'il vénère. « En fait, elle remonte à mon avant-dernier album. Mais je l'ai malheureusement refusée, car elle ne lui correspondait pas, ni au nouveau. Elle n'était pas mauvaise, mais je suis très exigeant. » Après l'enregistrement de son disque, Johnny reviendra au cinéma. « Un tournage aux Etats-Unis. Je ne peux pas en dire plus sur le film, car il est en cours d'écriture. Mais il mettra aux prises des gangs de bikers. Ce sera violent. »

    Jacques Dutronc : «Ils travaillent trop, ils sont fous !»

    « Ici, c'est l'heure de l'opéra. » Entendre par là que nous appelons Jacques Dutronc à l'heure de l'apéro, chez lui en Corse, où il suit de près... la politique. « Macron me fait rire. Il est fou, il faut qu'il consulte, rigole-t-il. Mais le mec qui me plaît, c'est Fillon, un gars qui est pilote de course, qui connaît ses trajectoires, ne fait pas de sur-régime, fait le plein quand il le faut. Je ne connais pas son programme, mais il me plaît bien. »

    Impossible de dire non à Johnny

    Sur les Vieilles Canailles, il n'a pas non plus perdu son humour. « C'est Johnny qui m'a appelé... A jeun. Je plaisante, mais il s'est foutu de notre gueule en disant que le bar , c'est pour Eddy et moi... Comme on ne refuse rien à Johnny, je lui ai dit oui. Mais il faut faire vite, on risque d'être morts avant. » Cette fois, Jacques Dutronc ne rigole qu'à moitié. « Johnny et moi, on est des miraculés ! L'an dernier, j'ai glissé chez moi, j'ai eu un hématome, qui s'est envenimé. Je me suis vraiment fendu la gueule. Mon frère est décédé cette année, Françoise (NDLR : Hardy) n'est pas passée loin non plus... »

    Il ne quitte quasiment jamais la Corse. « Mais on va affréter des avions pour rentrer à Paris, on va faire hommes d'affaires, alors ça ira. Le mien sera d'ailleurs plus petit que Johnny. Je respecte la hiérarchie. » Soudain sérieux, il avoue : « Johnny et Eddy, quand on se retrouve, c'est comme si on s'était quitté la veille. Mais on ne vit pas dans nos souvenirs, on vit au présent. On ne se voit pas assez souvent. Johnny est un courant d'air, toujours au turbin, Eddy aussi. Ils travaillent trop, ils sont fous ! »

    « En Corse, j'ai un autre rythme, une autre culture », dit-il. D'ailleurs, où en est son album lancé il y a deux ans ? « Je ne l'oublie pas. Francis Cabrel, Gaëtan Roussel et Thomas (NDLR : son fils) travaillent dessus. C'est un devoir, même, de le faire. Mais il me manque une chanson locomotive. Ce qui à l'époque du TGV est quand même con... Je ne le vois pas avant 2018. D'autant qu'après les Vieilles Canailles, j'ai promis à Michel Blanc de jouer dans son film. »

    VIDEO. Concert des Vieilles Canailles au Bercy Arena