Menacé, «l’entrepreneur» vaudois fait annuler son procès

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«La question elle est vite répondue»Menacé, «l’entrepreneur» vaudois fait annuler son procès

Le jeune homme, qui a fait le buzz, ne s’oppose plus à l’ordonnance pénale qui le condamne pour infractions routières. Et renonce à se défendre au tribunal ce mercredi.

Evelyne Emeri
par
Evelyne Emeri
Les vidéos du jeune Vaudois cartonnent depuis le printemps dernier. La justice l’a rattrapé et condamné pour avoir enfreint le code de la route lors de plusieurs tournages.

Les vidéos du jeune Vaudois cartonnent depuis le printemps dernier. La justice l’a rattrapé et condamné pour avoir enfreint le code de la route lors de plusieurs tournages.

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«La question elle est vite répondue». Qui ne connaît pas ce slogan censé faire rêver les plus pauvres, prononcé par un illustre inconnu dans Lavaux dès le printemps dernier? Cette phrase à la syntaxe toute relative, devenue culte par-delà nos frontières, les internautes la découvrent sur les réseaux sociaux au détour de différentes vidéos qui promettent la Lune financière.

Début juin 2020, sur la route de la Petite Corniche à Aran (VD), le Vaudois de 21 ans appâte ses followers et les invite à le suivre dans ses affaires qu’il prétend pharaoniques. On ne sait pas ce qu’il a à vendre, mais l’argent serait facile.

«Tu préfères faire pitié?»

Costard-cravate un peu trop cintré, champagne à la main, SUV de luxe, il se la pète. Le discours est rodé, sûr, provocateur: «Tu préfères faire pitié et prendre le bus ou commencer à faire de l’argent avec moi et pouvoir peut-être acquérir ce genre de véhicule haut de gamme? La question elle est vite répondue».

Avant de repartir en trombe, il jette sa flûte par terre et manque de crever les pneus de deux cyclistes. D’autres séquences du même genre ont été postées en mai 2020. Le jeune homme y prône toujours la facilité de devenir riche sans jamais révéler les secrets de futurs gains astronomiques et s’affiche toujours en grosses cylindrées.

Épinglé par la justice

Le Vaudois joue la provoc’ et se joue du politiquement correct, rien de pénal jusque-là. Ce qui l’est en revanche, ce sont les infractions à la loi sur la circulation routière (LCR) qu’il enfreint allègrement. La police et la justice vaudoises ne manquent pas de l’épingler. Le Ministère public le convoque. L’accusé manifestera quelques menus regrets lors de son audition par le procureur Gabriel Moret, qui rend une ordonnance de condamnation datée du 14 septembre 2020.

Jours-amendes avec sursis

Pour violation simple des règles de la circulation, conduite sans autorisation et usage abusif de permis et de plaques, le provocateur écope de 150 jours-amendes à 30 francs le jour, assortis du sursis pendant 3 ans: leur faible quotité arrêtée en fonction de la fortune des prévenus indique que sa situation financière est moindre. Il est aussi condamné à une amende de 900 francs et doit prendre à sa charge les 1200 francs de frais de procédure.

Injurié et menacé

Le pseudo-richissime «entrepreneur» - sans profession apprend-on dans le jugement rendu par le Parquet – s’oppose à cette sanction qui le renvoie tout droit au tribunal. L’audience de police devait avoir lieu ce mercredi 13 janvier à Yverdon. Mais le futur comparant se ravise. Après la publication avant Noël de sujets dans les médias détaillant les infractions commises, il se fait menacer et injurier.

«Il était assez inquiet»

«Mon client a effectivement retiré son opposition à l’ordonnance pénale. Il était assez inquiet et pas tranquille avec le tribunal. Il a reçu de nombreuses menaces et injures en lien avec la parution d’articles expliquant les faits qui lui sont reprochés, confirme son avocat Me David Abikzer, Il aimerait bien qu’on le laisse tranquille même si nous avions des éléments de preuve à faire valoir au tribunal».

Jeu de l’avion?

Nous avons tenté de contacter le condamné par le biais de son défenseur, également via les réseaux sociaux qui l’ont «révélé» au grand jour. En vain. «L’influenceur» se fait discret compte tenu de ce retournement de situation, subit et inattendu.

Ce revirement pourrait être aussi en lien avec une opaque société de trading basée à Dubaï, Melius, soupçonnée de pratiquer le jeu de l’avion 2.0. Les vidéos virales du jeune Vaudois ont-elles oui ou non servi d’appâts comme cela a déjà été murmuré à plusieurs reprises? Une enquête et des poursuites seraient en cours.

«Passe des amendes à la viande»

Le 29 décembre dernier, il se moquait encore allègrement de la justice teasant sa vidéo de la sorte: «Tu préfères pleurnicher comme un abruti au tribunal ou passer chez Mike & James déguster un burger phénoménal? #laquestionestviterepondue.» Et de conclure par cette pique aigre-douce: «Suis-moi et passe des amendes à la viande».

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