Un avion Air France à l'aéroport Nice Côte d'Azur (illustration) — Lionel Urman/Sipa USA/SIPA

INFO «20 MINUTES»

Coronavirus à Nice : Face à la flambée des cas, des avions entiers vont être testés à l'atterrissage

Fabien Binacchi

Ces analyses pour déceler l’arrivée de variants « concerneront essentiellement des vols en provenance des pays hors Schengen », indique la police aux frontières

  • Le département des Alpes-Maritimes, le plus touché de France métropolitaine, affiche désormais un taux d’incidence, en hausse, à 580 cas confirmés de Covid-19 pour 100.000 habitants.
  • La préfecture et l’Agence régionale de santé (ARS) Paca ont décidé d’accentuer très rapidement le contrôle des passagers à l'aéroport de Nice.

La vague monte. Inexorablement. A tel point que le ministre de la Santé a fait le déplacement à Nice ce samedi. Le département des Alpes-Maritimes, le plus touché de France métropolitaine, affiche désormais un taux d’incidence, en hausse, à 580 cas confirmés de Covid-19 pour 100.000 habitants. Une situation encore difficilement explicable mais que certains pourraient attribuer, au moins en partie, au transport aérien.

« Le fait d’avoir un aéroport international peut être une source de variants », expliquait récemment à 20 Minutes le Pr Christian Pradier, chef du département de Santé publique au CHU de Nice. Le maire de Nice a réclamé que l’eau des WC de certains avions soit analysée. La préfecture et l’Agence régionale de santé (ARS) Paca ont de leur côté décidé d’accentuer très rapidement le contrôle des passagers.

« Dès lundi, des vols entiers vont être soumis à des tests PCR dès l’atterrissage, à la recherche de variants, annonce à 20 Minutes le commissaire Josselin Moiso, chef du service de la Police aux frontières aéroportuaire (sPAFa) de Nice. Cela concernera essentiellement des vols en provenance d’autres pays que ceux appartenants à la zone Schengen. »

Plus de 50 % de variants dans les Alpes-Maritimes

Actuellement, le tarmac niçois, dont l’activité est réduite de plus de 70 %, continue à voir atterrir des avions en provenance de Turquie, de Tunisie, du Maroc, de Russie et du Royaume-Uni. Selon les laboratoires Biogroup, du 8 au 14 février dans les Alpes-Maritimes, 48,1 % des cas positifs étaient le fait du variant anglais et pour 2,1 %, il s’agissait des variants sud-africain et brésilien.

« Les autorités sanitaires se chargeront ensuite d’un suivi étroit, ajouté le responsable du sPAFa de Nice. Ce dispositif viendra s’ajouter aux tests aléatoires que l’on faisait déjà sur place. Sur 200 analyses effectuées en février sur place, une seule est revenue positive. »

Il complétera également le contrôle des documents présentés par les passagers eux-mêmes. Depuis le 31 janvier, tous les voyageurs arrivant en France de n’importe quel autre pays, y compris ceux de la zone Schengen, doivent justifier d’un test PCR négatif de moins de 72 heures. La sPAFa y veille à la descente des avions, en plus d’un contrôle des compagnies au départ.

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Dix-huit personnes verbalisées et huit autres refoulées en février

20 Minutes avait voulu voir comment s’opérait ces contrôles à Nice, troisième aéroport de France après ceux de Paris, mais s’est heurtée à une porte close. La police « n’a pas donné une suite favorable » à notre demande, a indiqué la préfecture des Alpes-Maritimes. Sans plus d’explication.

Le commissaire Josselin Moiso a tout de même révélé à 20 Minutes le résultat de ces contrôles depuis le début du mois de février. Dix-huit personnes, des ressortissants français ou des individus résidants en France, ont été verbalisées et soumises à un arrêté de mise en quarantaine. Huit passagers en provenance d’autres pays sont également tombés sous le coup d’une « non-admission sanitaire » et ont été refoulés. « Soit ils n’avaient pas de PCR à présenter, soit il n’était pas à jour, mais il n’y a pas eu, a priori, de problème de faux tests », précise le chef du sPAFa de Nice.

Mercredi, 20 Minutes est allé interroger des passagers fraîchement débarqués, dans les zones publiques de la plateforme azuréenne dont seul un des deux terminaux est ouvert depuis la crise sanitaire. Direction donc le rez-de-chaussée de la rotonde, dans le T2, où toutes les arrivées sont désormais concentrées. Derrière les portes automatiques, la zone des douanes est bien cachée, invisible même depuis l’autre côté.

"Un peu moins bien organisé ici"

11 h. Peu de vols sont inscrits sur le tableau d’affichage. L’atterrissage de l’avion Iberia 8726, en provenance de Madrid s’était fait avec un peu d’avance, à 10h55. 25 minutes plus tard, une jeune femme blonde était la première à passer la barrière, en coup de vent : « Je crois que certains ont été stoppés parce que leur test était trop ancien », a-t-elle lâché avant de reprendre son chemin. Fatima, elle, s’est agacée : « On sait qu’on est de retour en France ! En Espagne, pour ce contrôle, ils étaient beaucoup plus nombreux et ça allait vite. Ici, ils sont deux dont un qui fait des allers retours. Alors forcément, une longue file d’attente s’est formée. »

Aux arrivées de l'aéroport de Nice, le mercredi 17 février 2021 - F. Binacchi / ANP / 20 Minutes

D’autant plus qu’entre-temps, le vol KLM 1253, parti d’Amsterdam, a aussi débarqué ses voyageurs. Entrés dans le tramway qui les attendait juste en face du terminal, direction le centre-ville de Nice, l’Italien Florini et l’Ibérique Marta, explique, dans un français presque parfait : « On a perdu une demi-heure. C’est peut-être un peu moins bien organisé ici, mais au moins ici vous n’avez pas à payer pour passer vos tests PCR. En Espagne, c’est au moins 60 euros. Ça coûte plus cher que le billet ».

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