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Pourquoi Gaspard Glanz a-t-il été interpellé lors de la manifestation des policiers ?

Le journaliste Gaspard Glanz a été interpellé à deux reprises, hier, lors de la «Marche de la colère», manifestation organisée par des policiers à Paris pour dénoncer leurs conditions de travail. Ses avocats assurent qu'ils vont porter plainte dans les prochains jours pour «privation de liberté arbitraire».
par Robin Andraca
publié le 3 octobre 2019 à 16h02

Question posée sur Twitter le 03/10/2019

Bonjour,

Vous évoquez les différentes arrestations du journaliste indépendant Gaspard Glanz, en marge de la «Marche de la colère», manifestation organisée par les policiers pour dénoncer leurs conditions de travail et la hausse des suicides dans leur profession.

Sur une vidéo, publiée à 14 h 41 par un autre journaliste, Taha Bouhafs, on voit Gaspard Glanz être exfiltré par plusieurs policiers. Interrogé en direct sur les raisons de son arrestation, le journaliste répond : «Rien, je ne sais pas, ils ne veulent pas me dire.»

On voit ensuite Glanz être conduit derrière un fourgon de police. La suite de cette scène est visible dans une vidéo publiée sur son site ce jeudi par le journaliste et fondateur de Taranis News :

Dans cette vidéo montée, on entend Glanz répéter plusieurs fois aux policiers : «Donnez-moi une raison légale pour mon arrestation, et je reste tranquille.» «Vous n'êtes pas interpellé, vous êtes seulement retenu pour l'instant», lui répond un policier, avant qu'un autre lui précise : «Vous perturbez le bon déroulement d'une manifestation.» Le journaliste répond qu'il souhaitait simplement interroger le secrétaire général du syndicat Alliance, qui lui avait donné plus tôt son accord pour une interview «dans le courant de la manifestation», comme on le voit dans cette vidéo. Ce qui justifierait, selon Glanz, sa présence auprès des policiers et de la banderole du syndicat Alliance pendant la manifestation.

Après une vingtaine de minutes, le journaliste est libéré. «Bonne journée, et bon montage vidéo», lui souhaite un policier.

Une heure plus tard, Gaspard Glanz est interpellé une seconde fois. La manifestation est cette fois-ci au niveau de la place de la République. Le journaliste est retourné près du syndicat Alliance. Son interpellation est, à nouveau, filmée par Taha Bouhafs.

Il est ensuite emmené au commissariat. Pourquoi le journaliste a-t-il été interpellé ? Dans la vidéo ci-dessus, on entend une policière lui dire : «Vous êtes recherché pour la notification d'un jugement.» Réponse de Glanz : «Ah, parce que maintenant, on m'a condamné à autre chose ?» Réponse de la policière : «Ah ben, je ne sais pas moi, je ne sais pas ce que vous avez fait avant.»

Qu'entend la policière quand elle parle de «notification d'un jugement» ? «Ça voudrait dire qu'un jugement aurait été rendu le concernant de manière non contradictoire. Mais rien ne lui a été notifié à ce sujet lors de son passage au commissariat», répond Me Aïnoha Pascual, l'avocate de Glanz, contactée par CheckNews.

A 16 h 52, en effet, à sa sortie du commissariat, Gaspard Glanz disait n'avoir pas d'éléments nouveaux pour justifier l'intervention des forces de l'ordre : «Je suis libre ! Après deux heures de contrôle, amené au commissariat du XIe pour rien ! Je suis laissé libre, sans aucune poursuite, alors que l'on m'a dit que j'étais emmené pour une notification d'un jugement […] qui n'existe pas ! Comment éloigner la presse avec des astuces.»

Une plainte prochainement déposée

A CheckNews, Gaspard Glanz raconte son passage au commissariat, où rien ne lui a été signifié : «On m'a assis à l'accueil pendant une heure et demie. Et puis l'officier de police judiciaire est descendu avec mon passeport et m'a dit que je pouvais y aller.»

Me Aïnoha Pascual assure qu'une plainte sera déposée «dans les prochains jours» pour «privation de liberté arbitraire». «Qu'est-ce qui a motivé son interpellation ? Nous n'en savons rien. Il a été emmené au commissariat, et en est reparti sans que rien ne lui ait été notifié.»

Contactés par mail et par téléphone par CheckNews pour connaître les raisons de ces différentes arrestations, le parquet de Paris, ainsi que la préfecture de police, n’ont, pour l’heure, pas répondu à nos sollicitations.

Cordialement

Pour aller plus loin :

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